Guide de l'Inexpliqué - La Mary Celeste


retour vers la page d'accueil     

La Mary Celeste

Ce sont les voiliers qui ont découvert le monde,
et ils charrient dans leur sillage bien des légendes.

Olivier de Kersauson

La Mary Celeste est le navire fantôme le plus célèbre du monde... Rétrouvé en pleine mer près de Gibraltar, naviguant sans équipage, il est entré dans la légende. Bien des histoires, bien des récits ont vu le jour, se contredisant souvent, prétendant connaître la vérité absolue. Mais qu'importe les indices, les preuves. À jamais, il restera un grand navire voguant pour l'infini.

Bien loin de la réalité...

Les faits connus
  • Vendredi 13 décembre 1872. Un petit brick américain, la Mary Celeste, mené par des hommes du Dei Gratia, arrivé la veille au soir, entre dans le port de Gibraltar. L'équipage improvisé, Oliver Deveau, Augustus Anderson et Charles Lund, déclare avoir trouvé le navire abandonné et dérivant, plus d'une semaine auparavant, non loin de la côte d'Espagne.

  • Lundi 16 décembre 1872. La Mary Celeste, inscrite à tort comme brigantin dans la liste des navires présents au port, est placée sous séquestre.

  • Mardi 17 décembre 1872. Déclaration du capitaine Morehouse sur la date et le lieu de sa découverte : John Jonson (le timonier) avertit le second officier, John Wright, d'un navire dont les voiles paraissent en mauvais état. "Le 4 décembre (en réalité le 5, Morehouse n'ayant pas tenu compte des fuseaux horaires), à 10 heures du matin, j'aperçus une voile dans le Nord-Est, vers 37° de latitude Nord et 18° de longitude Ouest. En approchant, je reconnus un brick de 300 tonnes environ. Il ne répondit pas à mon signal, et lorsque j'en fus plus près, je constatai qu'il faisait une route oscillante. Je pensai qu'il y avait quelque chose d'anormal à bord. Il était à un demi-mille. Je le regardai dans mes jumelles et fus surpris de voir qu'il n'y avait personne à la barre, en vigie, ni d'une manière générale sur le pont [...]"

    Le capitaine Morehouse précise encore que le navire avait toute sa voilure, avec les amures (cordage retenant le coin inférieur d'une voile du côté d'où vient le vent) à tribord. Il ne serait parvenu à rattraper le brick que vers 15 h, la Mary Celeste ayant lofé (viré pour se placer dans le lit du vent) et de ce fait, réduit sa vitesse. Sans réponse à ses appels, il décide d'envoyer un canot, cassant dans cette opération un garant (filin servant à amener les embarquations). Sa position aurait alors été de 38° 20' de latitude Nord et 13° 37' de longitude Ouest, le 5 décembre 1872, soit non pas près des côtes de Gibraltar mais à 600 milles environ à l'ouest de Lisbonne.
Carte de la rencontre entre la Mary Celeste et le Dei Gratia
    Dernier point important, le capitaine Morehouse rapporte avoir croisé un cargo allemand pendant la poursuite dont il ne savait pas le nom mais qui se rendait aux Antilles. Ce navire serait passé entre la Mary Celeste et le Dei Gratia.

    Le lieutenant du Dei Gratia, Deveau, se rendit à bord avec deux hommes, Wright et Johnson, découvrant alors le nom de Mary Celeste peint à l'arrière du Brick. Ils ne trouvèrent personne à bord.

    Dans la cabine du capitaine, le lieutenant ne trouva aucun des papiers réglementaires (manifeste, feuille de chargement...) du navire ni les instruments de navigation. Restait le journal de bord ainsi que l'ardoise servant à noter les éléments de navigation. Ils trouveront les affaires du capitaine, jetées çà et là, de même que sa casquette et ses bottes, ainsi qu'une malle contenant une robe de femme. Le navire est en bon état et contient encore des provisions en quantité. Par contre, la drisse de pic (servant à hisser la grand voile) avait disparu.


    Il est important de préciser que contairement à une légende persistante :

    • IL N'Y AVAIT PAS DE REPAS CHAUD SUR LA TABLE DE LA CUISINE. Cette histoire est due à un roman de Sir Arthur Conan Doyle.

    • IL N'Y A JAMAIS EU A BORD DE PIANO, autre légende due Laurence J. Keating. Le piano de Mme Briggs, de type "bébé" figure toujours dans la succession de leur fils, Arthur, resté à terre avec ses grands parents.

    • LES CANNOTS DE SAUVETAGE N'ETAIENT PAS A BORD. L'un avait été détruit par la chute d'un tonneau pendant le chargement à New-York (et faute de temps, n'avait pas été remplacé) et l'autre avait disparu quand la Mary Celeste a été retrouvée.

    Oliver Deveau (dit Olly) et David Reed Morehouse

  • Vendredi 20 décembre 1872. Le capitaine du Dei Gratia, Morehouse (ou Moorhouse), dépose une indemnité de sauvetage devant le Tribunal de Vice-Amirauté présidé par le Chef de la Justice de Gibraltar.

    M. Solly-Flood, procureur général, jugera nécessaire de désigner une commission d'enquête pour examiner le navire et déterminer les causes de son abandon au milieu de l'océan.

  • (23 ?) décembre 1872. Visite de la Mary Celeste par John Austin, inspecteur en chef de la navigation, assisté d'un inspecteur anglais, John Mac Cabe. Un plongeur du nom de Portunato examinera en détail l'extérieur de la coque.

  • Austin découvre des taches qu'il pense être du sang sur la lisse de tribord, près de l'avant, ainsi que des traces de chocs et une entaille profonde qu'il estimera faite avec une hache mais qu'il ne retrouvera pas à bord. La coque quand à elle n'a aucune avarie au dessous de l'eau mais les deux côtés de son avant sont entaillés sur 7 pieds de long et plus d'un pouce de large par un instrument tranchant, à trois pieds environ de la ligne de flotaison. Ces avaries paraissent récentes au plongeur (traduction en cours).

      Affidavit of Ricardo Portunato, Diver
      In the Vice-Admiralty Court of Gibraltar. The Queen in Her Office of Admiralty Ag't. - The Ship or Vessel name unknown supposed to be called the Mary Celeste and her Cargo found derelict.

      I, Ricardo Portunato of the City of Gibraltar, Diver make oath and say as follows:

      1. I did on Monday the 23rd day of Decbr. last by direction of Thomas Joseph Vecchio Esqr. Marshal of their Honble. Court and of Mr. John Austin Surveyor of Shipping for the port of Gibraltar proceed to a ship or vessel rigged as a Brigantine and supposed to be the Mary Celeste then moored in the port of Gibraltar and under arrest in pursuance of a warrant out of their Honble. Court as having been found derelict on the high Seas for the purpose of examining the State and condition of the hull of the said vessel below her water line and of ascertaining if possible whether she had sustained any damage or injury from a collision or from having struck upon any rock or shoal or otherwise howsoever.

      2. I accordingly minutely and carefully examined the whole of the hull of the said vessel and the stern keel, stern post and rudder thereof.

      3. They did not nor did any or either of them exhibit any trace of damage or injury or any other appearances whatsoever indicating that the said vessel had had any collision or had struck upon any rock or shoal or had met with any accident or casualty. The hull Stern, [sic] keel Sternpost and rudder of the said vessel were thoroughly in good order and condition.

      4. The said vessel was coppered the copper was in good condition and order and I am of opinion that if she had met with any such accident or casualty I shld. have been able to discover and shld. have discovered some marks or traces thereof but I was not able to discover and did not discover any.



    Horatio J. Sprague, consul des Etats-Unis, est en alerte. S'il y a eu meurtre, les victimes sont américaines. Il demande aussitôt à faire visiter le navire par son représentant personnel, le capitaine de vaisseau Shufeldt, de la frégate américaine Plymouth. Sa brève visite à bord de la Mary Celeste l'amène à contester le rapport de ses collègues britanniques. Pour lui, les entailles sont plutôt des égratignures et les traces de sang ne lui paraissent pas avoir la signification qui leur est attribuée.


  • Fin décembre 1872. Peu satisfait de l'enquête du capitaine Shufeldt, M Solly-Flood demande à sa commisson d'enquête de reprendre la visite de la Mary Celeste. On découvre alors une épée portant, semble-t-il, des traces de sang et mal essuyée avant d'être remise dans son fourreau. Sa lame s'adapte parfaitement à l'entaille découverte à l'avant du navire. Une analyse démontrera qu'il s'agit de rouille et non de sang (traduction en cours).

      Analysis by Dr. J. Patron of Supposed Blood-stains
      Gibraltar, 30th January 1873

      At the request of Her Majesty's Attorney General I proceeded on board of the American brig Mary Celeste anchored in this Bay for the purpose of ascertaining whether any marks or stains of blood could be discovered on or in her hulk.

      After a careful and minute inspection of the deck of the said vessel some red brown spots about a milimetre thick and half an inch in diameter with a dull aspect were found on deck in the forepart of the vessel these spots were separated with a chissel [sic] and carefully wrapped in paper No.1.

      Some other similar spots were equally gathered in different parts of the deck and wrapped in papers numbered, 2, 3, and 4.

      Paper No.5 contained a powder grated from a suspicious mark seen on the top-gallant rail part of which was obtained on board and part from a piece of timber belonging to the said vessel in Her Majesty's Attorney General chambers.

      I carefully examined the cabin both with natural and artificial light; the floor, the sides of the berths, mattrasses [sic] etc. were minutely searched and nothing worth calling attention was seen that could have any relation with the object of my enquiries.

      On the 31. January [This is the day following the date of his report] at 2 o'clock I received from the hands of Mr. Vecchio Marshal of the Supreme Court the five papers above mentioned and numbered 1, 2, 3, 4, and 5 and a sword with its sheath found on board the said vessel.

      The spots which were in paper No.1, 2, and 3 were cut in small pieces of about a quarter of an inch long and broad passed through a white thread and suspended half an inch from the bottom of tubes containing a small quantity of distilled water.

      The contents of paper No.4 were put in a small filtering bag as their minuteness would not allow any other process of maceration and the same was done with the contents of paper No.5.

      The maceration went on in the five tubes for two hours and a quarter; the distilled water remaining after this period as clear and bright as in the very beginning of the experiment.

      Notwithstanding I left the things as they were till the next day and 23 hours maceration did not produce any alteration in the transparency of the liquid the water being then heated with the spirit lamp as no precipitate or cloudy aspect appeared I consider the experiment over and of a negative character.

      The stains on the pieces of timber remained unaltered in their aspect and the finger which was passed over them was not tinged or stained in any degree their aspect remaining as it was before maceration.

      The contents of paper No.5 macerated in the bag were then examined with a microscope and nothing particular was seen but a few particles of rust (Carbonate of Iron) and some fragments of vegetable substance (Fibres of Wood).

      The sword presented on its blade about the middle and final part some stains of a more suspicious character; although few very small and superficial, their aspect was reddish and in some parts brilliant like albuminous coloured substance, my first impression was that they were really blood stains, examined with an eight or ten diameter magnifying glass these stains presented an irregular and granulated surface; the granules becoming smaller in proportion of their distance from the central and thickest part.

      After in hour and three quarters maceration the transparency of the liquid remained unchanged; heat produced no cloudy alteration in it and the result was as negative as in those of the stains found on the deck.

      The largest of these reddish spots was carefully grated from the blade and put under a microscope of Doctor Hartnack objective No.7 and ocular No.3 coresponding to a magnifying power of 330 diameter. A yellow and imperfectly crystalised substance resembling Citrate of Iron presenting here and there some red granules was seen with some fragments of vegetable ramified fibres; but no blood globules could be detected. Three other stains were tested with Hydrochloric Acid and after a perceptible effervescence a yellow stain was produced of chloride of Iron; the insufficiency of the liquid could not permit of any other experiment.

      The blade heated under the flame of the spirit lamp recovered a natural brilliancy after the removal by heat of the superficial crust the sheath of the sword was clean inside and with no mark of any kind.

      From the preceding negative experiments I feel myself authorized to conclude that according to our present scientifical knowledge there is no blood either in the stains observed on the deck of the Mary Celeste or on those found on the blade of the sword that I have examined.

      (Sig'd) J. PATRON
      M.D.




  • Sur la table, les enquêteurs découvrent une machine à coudre portative, avec un tablier d'enfant ou un vêtement de nuit à demi cousu, une petite bouteille d'huile et une bobine de fil blanc ainsi qu'une bouteille de potion contre la toux. De plus, au fond de la malle du capitaine, les enquêteurs découvrent deux médaillons d'argent, plusieurs bagues, une montre de femme en or, et une bourse contenant deux pièces de 10 dollars. Et sur le plancher, un éventail brisé, orné de perles. Les résultats de cette commission d'enquête incitent les autorité de Washington à envoyer des instructions à tous leurs consuls et officiers dans leurs ports pour signaler tout groupe de marins débarqués ayant pu appartenir à la Mary Celeste.
L'histoire de la Mary Celeste
  • 1861. Joshua Dewis, Spencer's Island, Nouvelle Ecosse, construit un brick de style clipper de Baltimore, pour le compte de Fraser, Trenholme et Cie, de Wilmington, Caroline du sud. Ceux-ci fournissent les plans du navire, destiné au transport de marchandises le long de la côte. Le navire est baptisé Amazon (certains documents, douteux, feraient état d'un nom provisoire, le James B. Matthews).


Photo supposée de l'Amazon, future Mary Celeste

    Robert McLellan, écossais, premier capitaine du navire, tombe malade (pneumonie) et meurt neuf jours après avoir pris le commandement.

    C'est John Nutting Parker, le nouveau commandant, qui entreprend le voyage inaugural de l'Amazon. Celui-ci sera court puique l'Amazon heurte une barque de pêche et doit retourner aux chantiers navals pour réparation. Un incendie se déclanchera au milieu du navire pendant qu'il est sur cale. Le capitaine Parker perd le commandemant de l'Amazon.

    Première traversée trans-Atlantique pour l'Amazon. A Douvres, elle heurte un brick qu'elle coule. De nouveau, elle doit être réparée. Le troisième capitaine est congédié.

    L'Amazon est acheté par James H. Winchester pour la somme de 11 000 dollars et prends la direction des ports de l'Adriatique.


Tableau de l'Amazon, réalisé à Marseille au cours de son premier voyage, novembre 1861

  • Avril 1862. L'Amazon est à la Jamaïque puis fait route vers Yarmouth, Nouvelle Ecosse et Montréal un peu plus tard, sous le commandement de Flinders Croston.

  • Fin 1863. James Winchester remet le navire à ses commenditaire. Il est dirigé par Henry Vinters Winchester, probablement un parent et sert au transport de charbon sur la côte de Nouvelle-Angleterre.

  • 10 juin 1864. Henry Winchester se noie dans le port de Boston. L'Amazon sert pendant quelques mois de magasin à charbon.

  • Début 1865. L'Amazon est immobilisé par la guerre de Seccession dans le port de Philadelphie, comme un grand nombre de petits bâtiments du même genre.

  • Milieu 1865. L'Amazon reprend la mer avec le capitaine Hutchins sous la forme d'un brigantin (ou brick-goëlette) pour le compte de Teirney Brothers and Sons et accompli plusieurs voyages jusqu'à Charleston, Virginie. Winchester s'est séparé de sa compagnie de transport de charbon et loue son navire.

  • Mars 1866. L'Amazon s'échoue près de Key West suite à l'insoucience de Hutchins. Le navire manque être abandonné mais un remorqueur réussi à le faire rentrer à Havannah. Il faut tout de même lui changer l'arrière et une partie de quille. Le travail ne sera payé à José Menocal que bien plus tard. Winchester, proche de la ruine, débarque Hutchins et reprend les commandes du navire.

    L'Amazon transporte des machines à coudre et divers objets de Philadelphie à Mobile. Winchester songe à vendre le navire mais il sera simplement engagé pour la moitié de sa valeur à Huert (ou Hart selon les documents) qui règlera la dette auprès de Manocal.

  • Eté 1866. Jusqu'à l'automne, L'Amazon s'occupe principalement de faire le "ravageur", c'est à dire de ramasser tout ce qui flotte sur sa route. Ce travail peu glorieux lui permet de continuer à naviguer.

  • Hiver 1866. Echoué devant Key West, l'Amazon est offert à M Sampson, de Bath (Maine) pour le prix de la démolition, soit 1 000 dollars. Mais le doublage de cuivre du navire est parti (il faut même protéger son étrave par des grosses planches pour résister aux vagues). M. Sampson rejette l'offre. Le navire n'a aucun intêret marchand. Il est en piteux état.

  • 19 Mars 1867. James Winchester passe un contrat de location, pour un prix probablement très dérisoire, avec Hermann Brenner, de New-York. Winchester débarque le capitaine Croston, fait réparer et repeindre l'Amazon. Son nouveau capitaine est Benjamin Briggs, né à Marion, dans le Massachussetts, qui a été imposé par Bremmer. Un contrat d'association scelle l'accord. Le navire est partagé en 64 parts de 110 dollars, soit 7 040 dollars(alors que le bateau était promis à la démolition quelques semaines auparavant pour 1 000 dollars). Briggs achète 12 parts, et Hart 20. Winchester en garde les 32 restantes.

    Fin mars 1867. Briggs découvre tardivement le passé financier de Winchester. Celui-ci, pour regagner ses bonnes grâces, décide de renommer le navire en Mary Sellars, du nom de la fiancée de Briggs. Il est inscrit dans les registres de New-York.

    La Mary Sellars se rend à Buenos-Aires avec un chargement de rails affrétés par les Teirneys. Mais il est sous le commandement de Winchester. Ses relations avec Briggs en resteront à jamais déplorables.

  • 1867 - 1970. La Mary Sellars accomplit nombre de voyages côtiers. Pommes de terre de Fall River vers les Bahamas, huile minérale de Philadelphie à Savannah, coton de Galveston à New-York, bois de Yartmouth au Navy Yard de Boston, douves de tonneaux à Parrsborough, son lieu de naissance. Austin Colfax, fils du constructeur déclarera en 1929 qu'il aurait volontiers pris le deuil en voyant l'état du navire.

  • 1870. Premiers voyages de la Mary Sellars vers Porto Seguro, au Brésil, chargée avec excès de rails et de caisses à outils, pour une compagnie française construisant des chemins de fer. La Mary Sellars résiste mais acquierre un faux-bord sur tribord. Par moquerie ou par erreur, due à la simulitude de prononciation, le navire se voit affublé du nom de Mary Céleste (ou Marie Céleste) par les français.

    Ce nom apparaitra petit à petit dans les bulletins de chargement et finira par être peint à l'arrière du navire. Il entrera ainsi dans le port de Philadelphie sous le nom de Mary Sellars à l'avant et Mary Céleste à l'arrière. M. Ferry, de la capitainerie du port fera rectifier cette anomalie quelques temps après. Winchester et Briggs se disputeront au sujet de ce nom et couperont la poire en deux. Ce sera la Mary Celeste. A cette occasion, les parts seront redistribuées. Un tiers pour Briggs, la majorité de contôle pour Winchester et les parts de Hart seront hypothéquées à Daniel Sanson, Canada et Sylvester Goodwin, New-York. Le navire sera inscrit à New-York.

  • 5 novembre 1872. Départ de la Mary Celeste pour Gênes. Le gros temps oblige Briggs à mettre la Mary Celeste à l'ancre à peine sorti du port de New-York.

  • 13 Decembre 1872. Arrivée la Mary Celeste dans le port de Gibraltar.

  • 1873. La Mary Celeste est rendue à James H. Winchester et, sous le commandement de George W. Blatchford, continue sa route vers Gênes.

    Winchester revend la Mary Celeste (avec, dit-on, une perte énorme sur sa valeur). Le navire changera ensuite plus de 17 fois de propriétaire. Les malheurs semblent s'être abattus sur le petit brick. Incendies, perte de sa voilure, de marins... Mais peut-être est-ce seulement une superstition liée à son nom.

  • 1885. G. C. Parker, son dernier capitaine, échoue le navire contre les rochers de l'île de Rochelais, près d'Haïtí. Accusé de barraterie (échouage volontaire de navire), Parker est jeté en prison. Il moura avant son procès.

    La mer devient le tombeau de la Mary Celeste.

  • 10 août 2001. Clive Cussler, auteur de romans d'horreur et John Davis, cinéaste, retrouvent l'épave de la Mary Celeste sous les récifs Rochelais.


La dernière traversée de la Mary Celeste
  • Septembre 1872. La Mary Celeste arrive dans le port de New-York, les cales vides, en provenance de Philadelphie.

  • 27 octobre 1872. La Mary Celeste commence à être chargée, d'une cargaison de tonneau d'alcool industriel et d'huile, à destination de Gênes, pour le compte de la Meissner Ackerman & Company.

  • Certaines sources font état d'un navire amaré au même quai 44 (voire à la Mary Celeste), le Dei Gratia.

  • 3 Novembre 1872. Benjamin Briggs écrit une dernière lettre à sa mère. Celle-ci garde leur fils Arthur, 7 ans. (traduction en cours)

      New York, Nov. 3d, 1872
      My dear Mother:
      Its been a long time since I have written you a letter and I should like to give you a real interesting one but I hardly know what to say except that I am well and the rest of us ditto, It is such a long time since I composed other than business epistles.

      It seems to me to have been a great while since I left home, but it is only over two weeks but in that time my mind has been filled with business cares and I am again launched away into the busy whirl of business life from which I have so long been laid aside. For a few days it was tedious, perplexing, and very tiresome but now I have got fairly settled down to it and it sets lightly and seems to run more smoothly and my appetite keeps good and I hope I shan't lose any flesh. It seems real homelike since Sarah and Sophia got here, and we enjoy our little quarters.

      On Thurs. we had a call from Willis and his wife. Took Sophia and went with them on a ride up to Central Park. Sophia behaved splendid and seem to enjoy the ride as much as any of us. It is the only time they have been away from the vessel. On account of the horse disease the horse cars have not been running on this side of the city, so we have not been able to go and make any calls as we were so far away from anyone to go on foot and to hire a private carriage would at least $10.00 a trip which we didn't feel able to pay and we couldn't carry Sophia and walk a mile or two which we should have had to do to get a ferry for Ivamacs(?) or E-port. It has been very confining for S. but when we get back I hope we can make up for it.

      We seem to have a very good mate and steward and I hope I shall have a pleasant voyage. We both have missed Arthur and I believe we should have sent for him if I could of thought of a good place to stow him away. Sophia calls for him occasionally and wants to see him in the Album which by the way is a favorite book of hers.

      She knows your picture in both albums and points and says Gamma Bis, She seems real smart, has gotten over her bad cold she had when she came and has a first rate appetite for hash and bread and butter. I think the voyage will do her lots of good. We enjoy our melodeon and have some good sings. I was in hopes that Oli might get in before I left but I'm afraid not now.

      We finished loading last night and shall leave on Tuesday morning if we don't get off tomorrow night, the Lord willing. Our vessel is in beautiful trim and I hope we shal have a fine passage but I have never been in her before and cant say how she'll sail. Shall want to write us in about 20 days to Genoa, care of Am. Consul and about 20 days after to Messina care of Am. Consul who will forward it to us if we don't go there.

      I wrote to James to pay you and A's board and rent. If he forgets call on hom also for any money that may be necessary for clothes. Please get Eben to see his skates are all right and the holes in his new thick boot heels. I hope he'll keep well as I think if he does he'll be some help as well as company for you. Love to Hannah. Sophie calls Aunt Hannah often. I wish I had a picture so she could remember the countenance as well as the name.

      Hoping to be with you in the spring with much love
      I am Yours affectionately
      Benj



  • 5 novembre 1872. La Mary Celeste appareille en direction de Gênes. A son bord, Briggs (37 ans), sa femme Sarah Elizabeth Cobb (30 ans), leur fille Sophia Matilda (2 ans) et 7 marins : Albert C Richardson, second de la Mary Celeste (28 ans), Andrew Gilling, second matelot, (danois, 25 ans), Edward W Head, cuisinier, (23 ans), Volkert Lorenson, (allemand, 29 ans),
    Arian Martens, (allemand, 35 ans), Boy Lorenson (allemand, 23 ans) et Gotlieb Gondeschall (allemand, 23 ans).



Benjamin Spoon Briggs, Sarah Elizabet Cobb et Sophia-Matilda.
  • 7 Novembre 1872. La Mary Celeste quitte enfin l'Amérique pour sa traversée.


Albert G. Richardson, le second de la Mary Celeste. Rôle de l'équipage au complet

  • 24 novembre 1872. Sur le journal de bord, le capitaine Briggs indique la position de la Mary Celeste : 100 milles au sud-ouest de l'île de Sao Miguel des Açores.

  • 25 novembre, à 8 heures du matin . Le capitaine Briggs écrit sur l'ardoise de bord, dans sa chambre, que le navire passe près de l'île de Santa Maria. C'est la dernière indication de position de la Mary Celeste.

  • Cela ne signifie pas pour autant que le navire a été abandonné à cette date car il est rare que les capitaines portent tous les jours des indications sur journal de bord. Sur 18 jours de mer, seul 7 inscriptions figurent sur celui de la Mary Celeste.



Les hypothèses


    Jamais la vérité n'aura autant été déformée que dans l'histoire de la Mary Celeste. Tout ou presque, et son contraire, a été raconté, publié, diffusé et déformé.

    Avant de parler d'hypothèses, il contient donc de rétablir certaines vérités, au risque d'insister :

    Le lieutenant Deveau n'a jamais trouvé de repas chaud à bord de la Mary Celeste (il n'y avait pas non plus de chat attendant tranquillement les secours). Cette légende, persistante, est dû à une nouvelle d'Arthur Conan Doyle, où le cuisinier tue tout l'équipage avant de s'enfuir devant le Dei Gratia.

    Il n'y eu aucun survivant connu à la Mary Celeste. Le cuisinier Pemberton, supposé encore vivant dans les années 1930 est une autre invention littéraire, due à Laurence J. Keating.

    Les cannots de sauvetage n'étaient pas à bord. L'un deux était bel et bien manquant, l'autre ayant été détruit avant le départ de la ary Celeste.

  • Un meurtre. L'équipage de la Mary Celeste se serait enivré et aurait assassiné le capitaine, ainsi que sa femme, sa fille et le lieutenant. Les marins auraient ensuite volontairement endommagé le vaisseau (mais aucune trace de violence n'a été constatée à bord) pour donner l'illusion d'avoir été contraints de l'abandonner, puis ils seraient partis sur les canots de sauvetage.

    Cependant, aucun d'entre eux n'est jamais réapparu, bien que l'on puisse aussi supposer qu'ils aient péri en mer. De plus, bien que l'un des tonneaux ait été retrouvé ouvert, l'alcool de la cargaison était de nature industrielle et donc imbuvable.

    Une variente de cette histoire voudrait que l'équipage de la Mary Celeste aurait été assassiné par les hommes et le capitaine du Dei Gratia. Mais force est de reconnaître que là non plus, il n'a été retrouvé aucune trace de violence.

  • Une arnaque à l'assurance. Les capitaines Briggs et Morehouse auraient été de connivence pour toucher la prime de sauvetage. Mais une telle mise en scène suppose beaucoup d'efforts pour un résultat très modeste.

    Après le 25 novembre, le capitaine Briggs n'a plus jamais fait parler de lui, ni réapparu. La prime de naufrage, à partager avec le capitaine Morehouse et les marins n'aurait pas suffit à assurer une retraite dorée à qui que ce soit. De plus, rappelons que le navire lui appartenant pour un tiers, il ne pouvait espérer toucher un dollars de l'assurance, puisque supposé mort et se privait de fait, de sa seule source de revenus. Il avait 37 ans au moment de sa disparition.

  • Une tempête. L'eau ayant envahi les calles, l'équipage aurait abandonné le vaisseau, le pensant perdu. Mais Briggs était expérimenté et ses deux pompes en parfait état de fonctionnement. La Mary Celeste pouvait naviguer avec une quantité bien plus importante d'eau à bord, même s'il a été avancé que la présence de sa femme et de sa fille aurait rendu le capitaine prudent et incité à accomplir un geste qu'il n'aurait jamais fait en temps normal.

  • Une compétition de natation. Le capitaine et le lieutement de la Mary Celeste, richardson, se seraient lancé un défi. Ils auraient alors nagé autour du navire. Enthousiasmés par la course, l'équipage aurait plongé à son tour pour se joindre à la course, ne laissant personne à bord. Impossible alors de remonter et les nageurs impuissants n'auraient pu que regarder le navire s'éloigner avant de se noyer.

    Il parait cependant difficile à croire qu'un homme comme Briggs se livre à ce genre d'exhibition, que sa femme se jette à l'eau, à demi-nue (devant l'équipage !) ou même avec une robe lourde et empesée et que l'équipage entier se soit jeté à l'eau. D'autant qu'à cette époque très peu de marins savaient nager. Même la petite fille aurait participé ?

    Deux variantes à cette histoire voudraient que l'équipage, pour mieux voir cette compétition, ait fabriqué un radeau et qu'ils y soient tous monté. Mais le filin aurait cassé. Reste à savoir avec quoi ils auraient pu fabriquer un radeau. Ou qu'ils aient construit une plateforme pour mieux voir la course, laquelle se serait effondré sous le poids des marins.

  • Le risque d'explosion. La Mary Celeste a embarqué en novembre et donc en hiver, de New-York. En approchant des Açores, la température aurait augmenté, et les tonneaux, pas assez étanches, auraient commencé à laisser exhaler des vapeurs d'alcool. Craignant un risque d'explosion (le capitaine n'avait pas l'habitude de ce type de cargaison) le navire aurait été abandonné. Peut-être simplement pour se réfugier dans le cannot en laissant filer une drisse (celle de la grand voile était absente) mais celle-ci aurait cassé.

    De plus, les tonneaux, mal arrimés, auraient pu frotter les uns contre les autres et les cerclages métalliques jeter des étincelles, inquiétant d'autant plus l'équipage. Une explosion, inoffensive mais ils ne pouvaient le savoir, aurait suffit à paniquer l'équipage.

  • Le triangle des Bermudes. Par un brusque caprice, le fameux triangle des Bermudes aurait tout à coup agrandi le champ de ses méfaits, traversant tout l'Atlantique.

  • Les extra-terrestres. Ils n'en sont plus à un enlèvement près.

  • Une île fantôme. Apparaissant parfois et disparaissant presque aussitôt, de telles îles se forment parfois sur des hauts fonds. L'une d'elle aurait pu se former et échouer la Mary Celeste. L'équipage serait alors descendu sur le sable, au moment où l'île redisparaissait, noyant toutes les personnes présentes.

Bibliographie

  • Le voilier Mary Celeste par Laurence J. Keating - Editions Payot (1929). Attention, paru en France par erreur comme un documentaire et une enquête sur la Mary Celeste, il s'agit d'un roman, comme l'a déclaré l'auteur aux USA.

  • Habakuk Jephson's Statement par Arthur Conan Doyle - Cornhill Magazine (1884). Cette nouvelle est à l'origine du mythe du repas encore chaud dans la cuisine et repris depuis comme étant une vrai information.

Les liens

© Arkayn Software 2001 - 2004